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Origène

Ouvrage de référence de cette partie : Lire les Pères de l'Eglise de soeur Gabriel PETERS

1. 

Sa vie

Il naît en 185 à Alexandrie, en Egypte dans une famille chétienne. Son nom, d'origine typiquement égyptienne signifie "fils d'Horus". Dès son plus jeune âge, il reçoit l'enseignement des Saintes Ecritures. Mais sous Septime Severe, les persécutions contre les chrétiens redoublent et son père, Léonide, subit le martyre.

Voici ce qu'en dit EUSEBE, dans son "Histoire écclésiastique :
Il resta seul avec sa mère et six frères plus petits. Le bien de son père fut confisqué par les agents du fisc et lui-même, avec ses parents, se trouva dans le besoin.

Il put néanmoins poursuivre ses études grâce à l'aide d'une femme "très riche et très remarquable" et devint grammairien. Fait très important : il eut comme maître à l'âge de 25 ans Ammonius Saccas qui fut un peu plus tard le maître de PLOTIN. Il sera de ce fait introduit dans le courant du néo-platonisme.

Le catéchiste

L'évêque Démétrius lui confie la catéchèse et Origène prit très au sérieux presque au tragique, ses nouvelles fonctions. Il alors fait preuve d'un zèle admirable pour celles-ci, cédant tous les ouvrages profanes qui étaient en sa possession, sacrifiant ses nuits et ses loisirs à l'étude des Ecritures :
Il assistait tous les saints martyrs, connus et inconnus,... lorsqu'ils étaient en prison,... lors de l'interrogatoire... lorsqu'ils étaient conduits à la mort... il saluait les martyrs avec un baiser... la foule des païens entra en fureur et... la ville entière ne suffisait plus à le cacher. C'était par les actes de sa vie surtout, grâce à la force divine qui l'animait, qu'il entraînait des milliers de gens à l'imiter. (Eusèbe, Histoire écclésiastique).

Il mène une vie très austère, dormant à même le sol. Mais ce comportement peut conduire, en l'absence de discernement, à des extrémités condamnables : « Il y a des eunuques qui se sont rendus tels en vue du Royaume des Cieux. Comprenne qui pourra ! » (Mat., 19, 12). Ayant pris cette parole à la lettre, Origène se serait infligé la castration (on doit parler au conditionnel cet épisode ayant pu être colporté par ses nombreux adversaires).

Le Didascale

Origène confie la catéchèse à un disciple, Héraclas, et il fonde une école savante d'étude scientifique - un didascalée - où la culture profane tout entière est enseignée par lui et considérée comme une préparation à la science sacrée : la science de l'Ecriture. Il s'agit donc d'une initiation complète à la culture. Tous y sont admis : chrétiens, hérétiques, païens. Il apprend l'hébreu et recherche toutes les versions courantes (Aquila, Symmaque, Théodotion) de la Bible.
De toutes parts, on réclame Origène qui, envoyé par l'évêque Démétrius, multiplia les voyages afin d'enseigner ou de discuter au sujet de la doctrine chrétienne,

  • auprès du gouverneur d'Arabie,
  • en Palestine, à Césarée où, à la demande des évêques, il fait des conférences et explique les Ecritures devant l'assemblée de l'Eglise,
  • à Antioche, auprès de Julia Mammaea, mère de l'empereur Alexandre Sévère,
  • à Rome où il rencontre Hippolyte

Un premier conflit éclate quand son évêque, Démétrius, se dit mécontent de voir Origène, simple laïc, précher aux fidèles à l'église. Il est même ordonné prêtre en 231 par des amis évêques sans l'autorisation de Démétrius ! Celui-ci réunit un synode demandant qu'Origène soit déclaré déchu de son sacerdoce. Il ne l'obtint pas mais on prononça l'interdiction d'enseigner et l'exil.
On continua à l'appeler de partout. C'est ainsi que Firmilien, l'évêque de Césarée de Cappadoce, l'appela auprès de lui de 235 à 238 et ne pouvant le retenir plus longtemps partit en Palestine se perfectionner auprès de lui. Origène est considéré comme l'oracle théologique de l'Orient. L'Entretien d'Origène avec Héraclide nous a gardé une discussion théologique de l'auteur qui eut lieu en Arabie, semble-t-il, vers 245. Mais déjà, on corrige, on remanie ses oeuvres... Origène proteste, il est victime de faussaires, on fait circuler des éditions prématurées non revues par l'auteur, etc.

La persécution et le martyre

En 247, Dèce est nommé empereur, les persécutions reprennent avec violence. Origène est emprisonné et subit supplices et tortures : « Le juge s'efforçait avec soin de ne pas le mettre à mort » (Hist. eccl., VI, 39, 15). Denys d'Alexandrie, un de ses anciens disciples, lui envoie une Exhortation (Protreptique) au martyre. Origène meurt peu après, peut-être à Tyr, vers 253-254. Pendant longtemps, on y montrera son tombeau.

2. 

Son Oeuvre

- L'ORIGENISME ou ORIGENE POSTHUME

Cassiodore, ancien ministre de Théodoric retiré dans la vie contemplative, a écrit à propos d'Origène :

Ubi bene, nemo melius
Ubi male, nemo pejus
(Où il est bien, nul n'est meilleur
Où il est mauvais, nul n'est pire).

C'est dire s'il est controversé et admiré à la fois !

Nous transcrivons ici le Canon 11 du Ve Concile (= 2e Concile de Constantinople, en l'an 553) :
Si quelqu'un n'anathématise pas Arius, Eunomius, Macédonius, Apollinaire, Nestorius, Eutychès, Origène avec leurs écrits impies et tous les autres hérétiques condamnés et anathématisés par la sainte Eglise catholique et apostolique et les quatre saints conciles susdits, ainsi que tous ceux qui ont tenu ou tiennent des opinions semblables à celles des hérétiques ci-dessus mentionnés et qui sont restés ou restent jusqu'à la mort en leur impiété, qu'il soit anathème.

Le Dictionnaire de Théologie catholique est formel : Origène n'est pas un hérétique. Origène n'a pas adhéré avec un esprit hérétique aux doctrines fausses condamnées, soit qu'elles se trouvent réellement dans ses écrits à titre d'hypothèses, soit qu'on ait cru les y découvrir.
Mais, comment en est-on arrivé à une telle condamnation ?
Voici les principales étapes de la crise origéniste : IVeme siècle et début Vème :

La controverse de Méthode d'Olympe

L'auteur du Banquet des dix Vierges (+311) donne le branle à la guerre, souvent passionnée, entre amis et adversaires d'Origène. Il y a 50 ans qu'Origène n'est plus. Principaux griefs : les conceptions d'Origène sur la préexistence des âmes, sur la doctrine trinitaire, sur la résurrection des morts.

L'attaque violente de saint Epiphane

L'introduction de sa réfutation des hérésies d'Origène, dans son grand ouvrage contre les hérésies : le Panarion, débute par une série de « ragots confus » (de Lubac) et nous retrace le sinistre récit de l'apostasie d'Origène. Il n'est pas difficile de constater que rien n'y concorde avec l'histoire. Origène est entré dans la légende, dans une triste et injuste légende. D'après Epiphane qui ne parle d'Origène qu'avec colère, cet homme enflé de sa science qui a voulu escalader les cieux pour y scruter les mystères cachés a engendré Arius et tous les autres hérétiques parus depuis ! Il a dépassé par l'horreur de ses hérésies tous les hérétiques passés et futurs...

La volte-face de Saint Jérôme

En Orient, les insultes insensées d'Epiphane datent de 375-380. Quelle est, à cette même époque, en Occident, l'attitude de Jérôme ? Jérôme est grand admirateur d'Origène. Non seulement Jérôme se fait avec enthousiasme le fervent traducteur d'Origène mais il le pille littéralement dans ses oeuvres personnelles. Accusé, il s'en fait gloire : « ilium imitari volo » : je veux l'imiter.
Quelques dates marqueront la constance de cette attitude :

  • En 381, Jérôme traduit 14 homélies sur Jérémie.
  • En 382, Jérôme traduit 9 homélies sur Isaïe.
  • En 383, Jérôme traduit 14 homélies sur Ezéchiel pour le pape Damase.

Dans sa préface aux homélies, Jérôme parle d'Origène, ce « maître des Eglises » qui se place au second rang après les Apôtres. En 385, dans une lettre à Paula, il écrit :

J'ai traduit en latin soixante-dix écrits d'Origène. Jamais mon travail n'a suscité de protestations. Jamais Rome ne s'en est émue. Moi qui pendant tant d'années ai traduit Origène, je n'ai jamais fait scandale... Ne voyez-vous pas que les Grecs et Latins ensemble ont été surpassés par le labeur de cet homme unique ? Qui jamais a pu lire autant qu'il a écrit ? Quelle récompense a-t-il reçu de tant de sueur ? Il a été condamné par l'évêque Démétrios. Mais à part les évêques de Palestine, d'Arabie, de Phénicie et d'Achaïe, le monde entier s'est accordé pour le condamner. Rome a réuni un sénat contre lui, non pour l'accuser d'innovations dans le dogme, ni pour motifs d'hérésie comme affectent de le soutenir maintenant quelques chiens enragés, mais parce que on ne pouvait supporter la gloire de son éloquence et de son savoir. Quand il parlait, tous les autres semblaient muets.

Revirement de Jérôme

En 395, un certain Atarbius se présente à Rufin, au mont des Oliviers à Jérusalem et le somme de renier les erreurs d'Origène. Rufin le chasse à coups de bâton. Atarbius se présente à Jérome, en son monastère de Bethléem, Jérôme accepte et de ce jour, il deviendra l'adversaire farouche d'Origène. En 395 aussi, le vieil évêque Epiphane de Salamine - il a 80 ans - déclenche à Jérusalem contre Origène une controverse. Jérôme devient son allié pour combattre, à ce propos, l'évêque Jean de Jérusalem et son ancien ami Rufin.
En 397, Jérôme se réconcilie pour quelques mois avec l'évêque Jean et son ami Rufin. Mais en 398, Rufin publie en Italie une traduction du Peri Archôn d'Origène ; dans la préface il se présente comme le « continuateur» de l'oeuvre de traduction de Jérôme ce qui provoqua la fureur de ce dernier qui traduisit, à son tour, pour en souligner les erreurs, le Peri Archôn.

L'intervention et l'offensive de l'évêque Théophile d'Alexandrie

La « guerre des moines » s'intensifie en Orient. Origénistes et anti-origénistes s'affrontent. En 400, l'évêque Théophile d'Alexandrie convoque un concile et, rompant avec sa longue estime pour Origène, l'ancien maître du Didascalée, il en fait condamner les erreurs. Sommés d'accepter la décision du concile, les évêques de Palestine répondirent que s'il existe des hommes qui professent les erreurs mentionnées, ils sont certainement hérétiques. Le pape Anastase Ier, qui ignore tout d'Origène, se rallie à la condamnation des erreurs et communique cette condamnation aux évêques d'Italie. Les empereurs Honorius et Arcadius interdisent la lecture des livres d'Origène. Théophile d'Alexandrie continue à ferrailler dans ses lettres festales, en l'an 401, 402, 404 traduites par Jérôme. Il appelle Origène « l'hydre des hérésies » . Il expulse du désert de Nitrie les « Longs Frères » et tous les moines origénistes. Jean Chrysostome les accueille avec bonté à Constantinople et confère le sacerdoce à plusieurs d'entre eux. La querelle se calmant, Théophile d'Alexandrie se replongea avec bonheur dans la lecture des oeuvres d'Origène, revenant ainsi à l'opinion de Saint Basile, de Saint Athanase et de tant d'autres.« Les oeuvres d'Origène sont comme un pré, disait-il, il y a beaucoup de belles fleurs et quelques mauvaises herbes ; le tout est de choisir ».
Au Ve siècle, les querelles christologiques sont au premier plan et accaparent l'attention des théologiens. Il y a éclipse de l'origénisme.

La Lettre de Justinien (Janvier 543)

Une lettre impériale anathématise Origène, cet homme impie qui a vomi tant de blasphèmes, qui a osé insérer dans ses écrits un certain nombre de vérités afin de séduire les faibles et dont Dieu, dans sa bonté, a permis l'apostasie finale. Elle se termine par 10 importantes formules d'anathèmes. Cinq patriarches signèrent l'édit et, à l'exception d'un seul, tous les évêques de Palestine signèrent et se soumirent, mais pour les moines origénistes, l'édit resta lettre morte.

Le Ve Concile (553)

Avant l'ouverture du Concile, Justinien adresse aux évêques réunis une lettre où il se plaint que « certains moines de Jérusalem s'égarent à la suite de Pythagore, de Platon et d'Origène ». Il expose aux évêques un « petit nombre de leurs pernicieuses erreurs ». Les évêques répondent en fulminant quinze anathématismes et le pape Vigile donne son assentiment. Cette condamnation est l'oeuvre d'un synode particulier et n'a donc pas d'autorité infaillible. Cependant au Vème Concile, le canon 11 fulmine l'anathème contre Origène et ses écrits impies. Il promulgue donc infailliblement l'existence de doctrines hérétiques dans les écrits attribués à Origène.

Oeuvres

L'œuvre d'Origène était immense. Une liste incomplète de saint Jérôme nous offre 800 titres. Selon le même saint Jérôme, un catalogue dressé par Eusèbe comptait 2.000 livres. Sans doute, possédons-nous un vingtième de cette œuvre parlée notée par les sténographes. Le style d'Origène est un style oral. Tout l'effort d'Origène est toujours ordonné à une meilleure pénétration de l'Ecriture. La plus grande partie des écrits ne subsiste qu'en traduction latine (Jérôme, Rufin, Hilaire de Poitiers). La datation précise des oeuvres est difficile. Voici un rapide relevé :

  • Le Peri Archôn (ou Des Principes). Date de composition : 225-230.
  • C'est la première oeuvre d'Origène. Il nous reste la traduction latine de Rufin, peu de chose de la traduction de Jérôme et des fragments grecs.
  • Le Contre Celse. Date : 248.
  • A la demande de son ami Ambroise, Origène réfute le Discours véritable du philosophe Celse (vers 178) qui présentait le Christ comme un imposteur. C'est la plus importante apologie anténicéenne.

De nombreux Commentaires, explications savantes et théologiques de la Bible. Il entreprend la publication d'une nouvelle Bible, les Hexaples présentée en 6 colonnes parrallèles : une première colonne pour le texte hébreu en caractères hébraïques, la seconde colonne en grec, les 4 autres reproduisant les versions respectives des Septantes, d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion. Malheureusement, cet ouvrage a été perdu.

  • Commentaire sur Matthieu. (date : 246 à Césarée). Il nous reste 8 livres sur 25.
  • Commentaire sur Jean. Il nous en reste 8 livres sur 32.
  • Commentaire sur le Cantique des Cantiques. En latin, traduction de Rufin, il reste les livres 1 à 4.
  • Commentaire sur l'Epître aux Romains.Il nous reste 10 livres (remaniés) et des fragments grecs découverts à Toura.

Les Homélies prononcées à Césarée : on en comptait 574. Il nous en reste 21 en grec et 240 en traduction latine :

  • Homélies sur la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, les Juges, Josué (dernière oeuvre d'Origène)
  • 9 homélies sur les Psaumes (il y en avait 120) dans la traduction de Rufin.
  • 2 homélies sur le Cantique des Cantiques
  • 8 homélies (au lieu de 32) sur Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Luc dans la traduction de Saint Jérôme.

D'autres homélies encore sont traduites par Hilaire de Poitiers et par un traducteur anonyme.

Autres oeuvres :
Traité sur la prière. Date : 233-234. Composé à la demande d'Ambroise, son ami. La deuxième partie explique le « Notre Père ».

L'exhortation au martyre. Date : 235 — au début de la persécution de Maximien de Thrace. Elle est adressée à deux amis : le diacre Ambroise et le prêtre Protectus.

Lettres
Il nous reste des lettres à Grégoire le Thaumaturge et à Jules l'Africain. L'Entretien avec Héraclide. Date : 246/248. Discussion théologique (découvert à Toura).
Il faut signaler encore une Philocalie, anthologie de ses œuvres réalisée en commun par S. Basile et S. Grégoire de Nazianze.

LA PENSÉE D'ORIGENE

POURQUOI lire Origène ?

- Pour mieux comprendre les héritiers de sa pensée, tant aux siècles de la patristique qu'à ceux du Moyen Age monastique.
Quelques noms : St. Ambroise - St. Augustin (génie très différent cependant) - Cassien (14e Conférence de Nesteros sur la science spirituelle, surtout) - St . Jérôme 77 - St . Césaire d'Arles - St. Grégoire le Grand (toujours très personnel, même lorsqu'il imite) - St. Bernard.

-Pour découvrir dans son œuvre une synthèse spirituelle de valeur, celle dans laquelle la spiritualité monastique s'enracine.
-Pour s'appliquer à une méditation théologique du mystère chrétien vu à travers la Bible, dont Origène rapproche les textes, les éclairant les uns par les autres, les ramenant tous à exprimer le mystère du Christ. Plus et mieux qu'aucun autre auteur, Origène peut nous communiquer le respect et l'amour de la Parole de Dieu. La Bible est vue par lui comme le sacrement de la présence de cette Parole.

Origène met en relief l'importance de la communion spirituelle à la Parole. Il est saisi par l'idée de la « Passion du Verbe » : la passion d'amour. Le Fils est celui qui engendre l'amour éternel du Père et par sa kénose (anéantissement) déverse cet amour sur le monde. La Parole ne cesse de murmurer au monde les secrets de l'amour passionné du Père. Par le Verbe se consomme l'embrasement spirituel du monde.
« La Parole de Dieu », le Verbe, Origène toujours cherche à l'atteindre - dépassant le signe, le sacrement qui en est porteur. Il se fait comme une opération de radiologie : l'essence intime devient perceptible. Toute finitude est consumée. Toute pluralité (les lois, le sacerdoce...) est consommée dans l'unité (le Christ).
Le point de départ, le point d'appui, est le signe (la lettre, le corps, le symbole matériel qui sont des précurseurs, des guides indicateurs, des ombres projetées). Le point d'arrivée est l'esprit.

Le passage de l'un à l'autre se fait par dépassement, par transfiguration. L'origénisme est très loin d'être un spiritualisme pur, mais néanmoins l'aspect matériel de la création est dévalorisé . La perspective vraie est celle-ci : l'histoire sainte est une histoire terrestre : charnelle et spirituelle ensemble. Elle est le signe du Dieu qui descend jusqu'à nous.

Le Mystère nous est révélé par la Parole de Dieu.
Qu'est-ce que le Mystère ? En dernière analyse, c'est Dieu lui-même mais c'est aussi tout ce qui est issu de Lui, son Verbe donc et « tout ce qui, en ce Verbe, a été fait » : création matérielle, intelligences. Le lieu des mystères, c'est le Christ. Tout, pour l'homme, se résout à l'écouter. En lui, l'Insaisissable est incarné. Cette vue très simple d'Origène est orchestrée avec une grande puissance de pensée qui met admirablement en lumière le sacramentalisme universel (de l'univers - de l'Ecriture - du Christ - de l'Eglise). Toujours l'homme doit dépasser le signe pour atteindre Dieu (le Dieu qui l'appelle, qui lui fait signe).
Il faut donc avoir le sens du mystère.